Artane, Crack ou ICE, la consommation de drogue se répand dans les territoires ultramarins selon le dernier rapport de l’Observatoire Français des Drogues et Toxicomanie.

Le dernier rapport de l’Observatoire Français des Drogues et Toxicomanie (OFDT) a été publié en juin dernier. Cette fois, il cible les drogues à fort potentiel d’addiction physique et à forte toxicité. Le rapport « Drogue et addictions dans les Outre-mer, état des lieux et problématique » se veut une étude plus approfondie sur la consommation de ces drogues illégales, leurs causes et leurs conséquences dans les territoires ultramarins.  Nos territoires sont globalement moins touchés que l’Hexagone en ce qui concerne la consommation de drogues illégales. Selon l’étude de l’OFDT, les usages sont contrastés et concentrés chez les jeunes. La consommation de drogues dites dures et illégales n’est pas la même partout. En effet, elle varie selon le territoire, sa position géographique ou encore ses spécificités socio-culturelles. Lorsque l’on parle des drogues illégales en Outre-mer, il faut identifier 3 grands bassins : Antilles-Guyane, Océan Indien et le Pacifique.

Sur la route de la drogue, le bassin Antilles-Guyane, un territoire de transit

Le bassin Antilles-Guyane est la zone de consommation de drogue dure et illégale la plus élevée. 2 % de la population déclare avoir déjà consommé du crack contre 0,3 % en 2005. La proximité de ces territoires avec l’Amérique du Sud, où se trouvent les plus grosses productions de stupéfiants, explique un tel résultat. La Martinique, la Guadeloupe et surtout la Guyane, situées sur « la route de la drogue » deviennent des territoires de transit pour la marchandise qui s’exporte vers l’Europe. Et c’est souvent via des « mules » que ces drogues sont transportées. Il s’agit d’utiliser des hommes ou des femmes qui voyagent vers l’Europe pour acheminer la drogue dans leurs valises ou dans leurs corps et les livrer une fois à destination. Ce phénomène touche 1 % de la population, majoritairement marginalisée. En effet, c’est un moyen "rapide et facile" de se faire de l’argent.

Artane et Chimique font des ravages dans l’Océan Indien

Dans le bassin Océan-Indien, à la Réunion notamment, la drogue la plus consommée est l'Artane. Un médicament détourné en produit euphorisant, arrivé sur l’île dans les années 80. Utilisé en même temps que d’autres produits, tel que l’alcool et le cannabis, il est consommé par moins de 3 % de la population, le plus souvent des jeunes à partir de 17 ans. C’est ainsi le territoire ultramarin le plus touché par l’expérimentation de drogue dure chez les jeunes. À Mayotte, "la chimique" fait des ravages dans la population. Un mélange de tabac trempé dans de l’alcool avec de l'herbe de cannabis ou de cannabinoïdes de synthèse. La drogue de synthèse est achetée sur Internet et les dealers la diluent avec d’autres drogues avant de les mettre en paquet. Ils sont ensuite vendus aux Mahorais. Depuis son apparition en 2010, sa consommation s'est largement étendue. Elle est consommée en majorité par des jeunes hommes en situation de précarité ou de fragilité sociale. Elle est à la fois le symptôme et la cause de la délinquance sur le territoire. Son essor est tel qu’il y a plus de cas accros à la "chimique" qu'au cannabis dans le service addictologie du centre hospitalier de Mayotte. De la consommation à la fabrication, le bassin pacifique est très contrasté Dans le bassin pacifique, la consommation des drogues dites dures est moins répandue. Cependant la Polynésie Française et la Nouvelle-Calédonie restent les territoires les plus consommateurs de tabac, d’alcool et de cannabis avec un fort pourcentage de consommation chez les femmes dépassant les chiffres métropolitains. C’est en Polynésie Française que l'on note une évolution importante du nombre de consommateurs de drogues et notamment de méthamphétamine (ICE), 10 fois plus puissante que la cocaïne. Le produit toxique et illicite, qui était auparavant importé d’Hawaï, de Californie ou du Mexique via des mules serait désormais fabriqué sur place dans des laboratoires clandestins selon les autorités policières sur place.

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