Créole, bushi kondé, wayana, surinamais… En Guyane, des dizaines de langues différentes sont parlées chaque jour. Et certains habitants ont des problèmes illettrisme avec la langue française.  Le plurilinguisme pose problème lorsque l'école n'en tient pas compte. Quatre matinées par semaine depuis plusieurs mois, Ghislaine, d’origine amérindienne, retrouve un groupe d'une dizaine de femmes. L'Alliance Française de Cayenne permet aux personnes déscolarisées de réapprendre les bases du français.
Pourquoi le taux d’illettrisme est élevé en Guyane ? •    Le rôle des autres langues : ¼ des individus en situation préoccupante à l’écrit a pour langue maternelle sranan tongo. Viennent ensuite le créole haïtien (18%), le français (15%) et le portugais brésilien (13%). •    L’âge d’entrée à l’école : en Guyane comme en France, l’âge d’entrée à l’école a une incidence très positive sur la maîtrise des fondamentaux de l’écrit. "Les Guyanais sont plus nombreux que la moyenne des Français à débuter tardivement leur scolarité : 19 % commencent celle-ci à six ans ou plus contre 10 % en France. En Guyane, un individu sur cinq étant entré à l’école entre deux et trois ans est en situation préoccupante. Ce pourcentage double lors que l’âge de première scolarisation est entre 4 et 5 ans. Il triple si l’individu est entré à l’école à 6 ans ou plus." •    Le rôle du diplôme : ⅔ des personnes qui sortent du système scolaire sans diplôme se retrouvent en situation de grave ou fortes difficultés à l’écrit. Pourquoi l’illettrisme est-il encore aujourd’hui une réalité dans notre société ? Et pourquoi est-il encore plus développé outre-mer ?  Quelles en sont les causes et comment lutter contre cette réalité ? Cette semaine Dieu m’est témoin s’interroge sur cette terrible forme d’exclusion. Catherine Tabaraud sera avec nous pour essayer d’en comprendre les causes. Chargée de mission pour l’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme, elle a séjourné plusieurs années en Guyane et s’est rendue à de nombreuses reprises en Outre-mer, aux Antilles, en Nouvelle-Calédonie. Elle était notamment chargée de former des enseignants souhaitant se spécialiser dans la lutte contre l’illettrisme. Avec elle, nous reviendrons sur l’histoire de la scolarisation en Outre-mer, apparue plus tardivement qu’en Métropole, mais également sur les diversités culturelles et linguistiques pas suffisamment pris en compte. Nous irons en Guyane, où le taux d’illettrisme est de 20 %, notamment dû aux nombreuses populations dont le français n’est pas la langue maternelle. Nous verrons comment l’Alliance Française aide les adultes à réapprendre à lire et à écrire. Nous verrons aussi que le décrochage scolaire, parfois inévitable, est un handicap surmontable. Nous serons connectés avec la Polynésie et Taria Vahio, enseignante au collège Anne-Marie Javouhey, spécialiste des problèmes de lecture et de compréhension. Elle nous expliquera comment elle repère les élèves en difficulté qui ont pourtant appris à lire, mais ne sont pas autonomes. Elle nous parlera de sa méthode dite de "détournement", un travail de relecture pour une meilleure compréhension des mots. Nous irons également à La Réunion, au sein de l’association Solidarité Sainte-Thérèse, voir comment savoir lire redonne confiance et espoir - c’est ce qui est arrivé à Bernard qui est désormais un homme heureux. Bonus : En Guyane, l'association Zoukou yan yan lutte pour l'égalité des chances et se bat contre l’illettrisme. Depuis 3 ans, les membres de l'association se rendent à la maison de quartier de Cayenne pour valoriser le patrimoine oral de la région. http://players.brightcove.net/2210145159001/default_default/index.html?videoId=5404636995001