Le jeune eucharistique imposé par le confinement pousse aujourd’hui les chrétiens à réfléchir au sens profond de ce sacrement. Pour certains, cette période a été vécue comme un véritable manque, pour d’autres, au contraire, la disparition de ce rituel n’a rien changé à leur vie. Cette semaine, Dieu m’est témoin s’interroge sur le sens véritable de la communion.
Qu’est-ce que la communion ? Quelle est la différence avec l’eucharistie ?
Selon Gilles Drouin, directeur de l’Institut Supérieur de Liturgie, l’eucharistie renvoie à quelque chose de plus large que la communion puisqu’elle englobe la messe et le Saint Sacrement ; elle renvoie à l’action de grâce « je reçois l’eucharistie ».
La communion, quant à elle, est l’acte de communier. Lorsque je porte la communion, c’est le corps du Christ et celui des fidèles qui sont à l’église que je porte. C’est dans cet acte que se vit pleinement la dimension de l’unité de Dieu.
Peut-on avoir une vie chrétienne authentique sans eucharistie ?
La crise sanitaire du Covid-19 a, pendant certaines périodes, imposé aux baptisés un jeûne eucharistique. Luciano Legros, jeune réunionnais de 26 ans, s’est interrogé sur le manque qu’occasionnait cette disette eucharistique. Il a tenté de trouver dans sa foi d’autres ressources et s’est demandé plutôt comment communier avec Dieu dans sa vie, tous les jours.
Gilles Drouin affirme qu’une vie chrétienne peut tout à fait être authentique sans eucharistie. Il donne l’exemple de la Corée, évangélisée par les laïcs, et qui avait vécu 60 ans sans prêtres… Néanmoins, une absence d’eucharistie empêche, selon lui, le chrétien d’atteindre la plénitude. Dans la tradition chrétienne et catholique, la communion eucharistique donne une dimension communautaire et fraternelle à l’acte lui-même car c’est par celle-ci que se fait la communion avec Dieu le Père et avec ses frères chrétiens. Donc ne pas recevoir l’eucharistie peut engendrer un affaiblissement de la conscience de faire partie d’une communauté.
Peut-on communier en dehors de l’église ?
Pour pallier le manque d’eucharistie, plusieurs petites communautés ecclésiales (PCE) ont organisé des célébrations de la parole avec communion dans le quartier du Robert, en Martinique. Arlette Odonnat, l’une des membres, nous montre comment cela se passe. Ces habitants du quartier ont choisi de se retrouver pour écouter la parole de Dieu. Un prêtre vient encadrer liturgiquement ces réunions et offre l’eucharistie aux fidèles. Pour l’une des membres, recevoir l’eucharistie c’est recevoir Jésus, qui est « la nourriture de notre âme ».
À La Réunion, Rock Pausé est porteur de communion depuis une trentaine d’années, dans sa paroisse à Savannah. Il porte l’hostie chez les personnes vulnérables, malades, qui ne peuvent se rendre à l’église. C’est l’envie d’aller vers les autres qui l’a convaincu de sa mission.
La communion est-il le plus puissant des sacrements ?
Pour Gilles Drouin, il existe en effet une hiérarchie entre les sacrements. Il cite « tous les sacrements donnent la grâce, mais l’eucharistie donne la hauteur de la grâce », car Dieu a donné son corps tout entier à la fin de sa vie. Il n’a pas donné autre chose.
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