Qu’est-ce que le péché ? Comment le différencier de la faute ? Quels liens entretenons-nous avec lui depuis la Genèse ? Et pourquoi oublions-nous souvent qu’il s’agit d’abord d’une fissure dans notre relation à Dieu ? 

Cette semaine, Dieu m’est témoin reprend sa catéchèse cathodique et propose pour cette thématique autour du péché, un regard œcuménique. Le pasteur Jean-Pierre Anzala et le frère Eric-Thomas Macé, dominicain, se retrouveront une nouvelle fois ensemble sur le plateau et répondront à toutes ces questions.

Qu’est-ce que le péché dans la religion chrétienne?

Le pasteur Jean-Pierre Anzala nous indique que le péché est une notion fondamentale de la vie spirituelle, c’est-à-dire dans notre relation à Dieu. En effet, contrairement à la faute civique et morale, le péché renvoie à une faute commise au sein de la relation que tout chrétien entretiendrait avec Dieu.

La notion viendrait de l’Ancien Testament, à partir du mot hébreu hattath qui aurait trois significations : 1) l’idée de rater sa cible, de ne pas faire l’effort d’accomplir ce que Dieu nous propose; 2) un acte de rébellion contre la volonté divine; et 3) une offense qui touche autant à l’être humain qu’à Dieu.

Les invités explicitent tour à tour ce que cela implique. En effet, Dieu attendrait quelque chose de nous, c’est-à-dire qu’il a un projet pour chaque être humain. Parfois, malgré cette invitation à entreprendre cette voie offerte par Dieu, il arrive que l’homme fasse un écart ou bien ne va pas jusqu’au bout du chemin. Le péché représente donc la résistance à ce Dieu propose au chrétien. Cela va alors engendrer un échec dans la relation entre le croyant et Dieu, échec qui n’est pourtant pas final. En effet, toute personne a la capacité de surmonter cet échec et, par la grâce de Dieu, de revenir sur le juste chemin.

Le péché est-il synonyme de faute?

En Outre-mer, il semblerait – d’après les deux invités – qu’il y ait eu un problème au niveau de l’évangélisation et du vocabulaire alors employé. En effet, l’éducation sur le péché aurait plutôt relevé d’une éducation morale et sociale, avec une visée, selon le pasteur Anzala, politique de contrôler le peuple et les soumettre à des règles sociales très précises.

Les deux invités dénoncent cette conception culpabilisante qui réduirait le péché à un interdit et l’image de Dieu à un Dieu vengeur qui punirait le pécheur. Pour remédier à ce problème, ils préconisent de toujours revenir aux références bibliques. Ainsi, par la connaissance véritable de la foi, la personne pourrait s’émanciper à la fois de conceptions erronées et renouer avec une relation saine à Dieu.

Qu’est-ce que le péché originel?

La notion de péché originel renvoie forcément à l’histoire d’Adam et Ève dans la Genèse. Le frère Éric-Thomas Macé précise que le terme « péché » n’est pas employé dans la Bible (mais par Saint Augustin). C’est celui de « chute » qui est choisi. L’homme, Adam, aurait chuté parce qu’il aurait refusé la présence de Dieu et qu’il aurait ainsi refusé de laisser Dieu influencer son bonheur.

Le péché originel est donc cette capacité de l’être humain croyant, en toute liberté et en toute connaissance de cause (i.e. qui reconnaît l’existence de Dieu), de refuser que Dieu intervienne sur son chemin.

Selon l’apôtre Paul, il y aurait donc en chacun de nous une puissance du péché : chacun a la capacité de briser sa relation à Dieu, en affirmant que l’on est plus fort que Lui, et ainsi de devenir pécheur. Cette puissance nous dominerait et, par nature, l’homme serait amené à rompre cette relation.

Néanmoins, il nous appartiendrait également de refuser la domination de cette puissance et ainsi de rentrer en communion avec Dieu.

Comment se libérer du péché?

Luciano Legros, co-fondateur de l’Église 2.0 à la Réunion, intervient pour rapporter que chez les jeunes qu’il suit, c’est souvent la vision moralisatrice du péché qui prévaut. Cela entraînerait alors du découragement et un certain désespoir. Nos deux invités invitent encore une fois à lire la Bible et ainsi comprendre, par le psaume 51, que le péché est une faute responsable. Mais en étant responsable, c’est à travers cette faute que l’on peut trouver un chemin de vie, de miséricorde et même de témoignage envers les autres. Par la grâce, il est alors possible de dominer ce qui cherche à nous dominer.

 

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