Il y a quelques mois, dans notre émission, nous parlions de cette commission d'enquête, chargée d'étudier le transfert forcé des enfants dits de la Creuse en métropole : un rapport, intitulé "Etude de la transplantation de mineurs de La Réunion en France hexagonale (1962-1984)" a été rendu ce mardi 11 avril, au Ministère de l'Outre-mer.   Que dit le rapport ? Le nombre d'ex-mineurs concernés : 2015 1800 de ces cas signalés seraient encore vivants aujourd'hui. Le profil des enfants : Ils pouvaient quitter La Réunion à la naissance, certains sont partis jusqu'à 21 ans. La majorité d'entre-eux étaient agés de 6 à 15 ans et vivaient dans les quartiers défavorisés du nord de l'île, ou des zones sucrières. Nous avons rencontré la famille Annette, très émue pendant la remise du rapport. Sur 7 frères et sœurs, 6 ont été envoyés en métropole en 1966, une souffrance qui se vit différemment pour chacun. https://players.brightcove.net/2210145159001/default_default/index.html?videoId=5771116189001 La responsabilité de l'état : Le rapport nous apprend que ces "transplantations" intervenaient dans le cadre plus large de la politique du BUMIDOM (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'outre-mer). Contrairement à ce qu'on pensait, elles ont commencé en 1962 : Michel Debré ne l'a donc pas initiée mais poursuivie. La responsabilité de l'Aide Sociale à l'Enfance a été confirmée mais les conditions de récupération des enfants (rafles, enlèvements soupçonnés) ne pose pas question. Prosper Eve, historien co-auteur du rapport, nous en dit plus sur la responsabilité de l'Eglise, à l'époque : https://players.brightcove.net/2210145159001/default_default/index.html?videoId=5771114488001 L'accueil des enfants : 83 départements français ont accueilli les ex-mineurs réunionnais. La Creuse, par laquelle on les identifie encore aujourd’hui, a bien accueilli le plus gros contingent en 1966 mais ne représente que 10% des familles d'accueil des enfants réunionnais, malgaches mais aussi mauriciens, qui ont quitté l'île à l'époque. Qu'attendent les ex-mineurs aujourd'hui ? Nous avons retrouvé notre invitée Valérie Andanson, porte-parole de la Fédération des enfants déracinés des départements et régions d'outre-mer et vice-présidente de Rasinn Anler. https://players.brightcove.net/2210145159001/default_default/index.html?videoId=5771115876001 Redécouvrez notre émission "Enfants de la Creuse : quelle reconstruction ?" Entre 1963 et 1985, près de 2150 enfants réunionnais furent envoyés en métropole dans des régions rurales plus ou moins désertes. Pupilles pour certains, placés dans des foyers pour d’autres, ils furent pour beaucoup arrachés à leur famille, séparés de leurs frères et sœurs. Officiellement pour une vie meilleure, plus décente. L’eldorado métropolitain que la DASS faisait miroiter à leurs parents s’est, pour certains, révélé être un atroce cauchemar. Près de 60 ans plus tard, ceux qu’on a appelé les « enfants de la Creuse » cherchent encore à comprendre ce qu’ils qualifient de « crime contre l’enfance », de déportation. Explosion démographique incontrôlable, politique de migration mal appliquée, toutes les raisons sociales et politiques ont été évoquées. Qui sont ces enfants de la Creuse ? Comment, aujourd’hui devenus parents et grands-parents, se sont-ils reconstruits ? Comment savoir d’où l’on vient quand sa propre identité a été falsifiée ? Comment savoir qui l’on est et quelle est sa culture quand on a vécu dans le secret, le mensonge et le déni ? Alors qu’une commission d’enquête, chargée d’étudier le transfert forcé de ces enfants, devrait publier dans quelques mois le résultat de son étude, Dieu m’est témoin s’interroge sur la capacité de résilience face à un tel drame. Pour en parler, nous recevrons en plateau Valérie Andanson, secrétaire et chargée de communication de l’association des Réunionnais de la Creuse. Formidable exemple de reconstruction, elle nous racontera le long et douloureux parcours qui fut le sien depuis son départ à l’âge de 4 ans, et comment elle a réussi à renouer avec son île natale. A ses côtés, Yolande Govindama, psychologue, nous aidera à décortiquer les différentes étapes nécessaires à la reconstruction. Nous irons bien évidemment à La Réunion, où nous avons suivi Anne David qui, pour la première fois, a posé le pied sur son île natale.